dimanche 8 octobre 2017

Tenir le rythme... des fois

Comme je le mentionnais dans un «post» précédent, le rythme du voyage c'est bel et bien installé. Je devrais plutôt dire: «c'était installé», avant que.

Avant que ma pauvre Helen ne se fracture la cheville (en trois points).

Résumons, on quitte la côte en direction des îles Channel. Un groupe d'îles égrainées le long de la côte sud de la Californie. Tous nos copains marins nous en parlent avec émerveillement. Faut absolument pas passer à côté de la chose, un «must» comme on dit. Donc, on se rend dans la plus septentrionale de celles-ci, San Miguel. Et dès l'arrivée on doit donner raison aux amis. Enchanteur.



Sauf que le vent, réglé comme une horloge, déferle en cascade au-dessus de la butte qui devrait nous protéger des vents du nord-ouest, pile en matinée et ne s'éteint que tard dans la nuit. Pour le mouillage tranquille, on repassera.

Tant s'en faut, on se dit qu'un peu de trekking parmi les dunes, les éléphants de mer qui viennent mettre bas ici et l'ascension sur le plateau central de l'île nous fera oublier l'ancrage inconfortable.



On met à terre, on marche, on grimpe jusqu'à la station du «ranger» du parc national. En effet, superbe. On traine un peu le temps de voir un petit doc à propos de l'histoire de la famille qui a un jour habitée l'île. Sympathique.

On prend le chemin du retour. Faut dire ici que le sentier pour nous rendre au sommet de l'île quoique bien entretenu, est assez à pic, et par endroits, très étroit. Assez pour vous faire agripper les quelques maigres branches qui poussent sur le flanc du sentier, en espérant que vous n'allez pas perdre pied et vous retrouvez quelques dizaines de mètres plus bas, en fort mauvaise ??? Posture !!

Et comme de fait, voilà que j'entends Helen qui lance un cri. Je me retourne pour constater qu'elle est tombée juste en marge du sentier et qu'elle est sur le point de dévaler la pente raide. Je reviens sur mes pas au plus vite, et ne peux que constater, très évidemment, que quelque chose de bien malsain est survenu à sa cheville. Sous mes doigts, je peux sentir et déplacer, sous la peau de sa cheville, un os qui ne ne devrait définitivement pas se trouver là...



Pour faire court, avec l'aide de quelques autres trekkers qui par bonheur se trouvaient sur la piste, on passe la bonne partie de l'heure suivante à descendre Helen jusqu'à la plage. Où, heureusement, un autre bateau ancré dans la baie nous offre d'utiliser leur énorme zodiac pour ramener Helen jusqu'à Shamata.

Le lendemain, à l'hôpital Cottage de Santa Barbara, on prendra bien soin d'Helen. Opérée dès son arrivée ou presque, le chirurgien, hors pair, prendra la partie d'Helen contre la compagnie d'assurances qui voulait la rapatrier au Canada pour l'intervention!! Et le lendemain, son infirmière et la physio ont tôt fait de l'aider à retrouver un peu de mobilité.



Après quelques jours de repos sur la bateau, à la marina publique de Santa Barbara, on a fait route sur deux, trois jours pour nous rendre à San Diego. On se disait qu'il valait mieux se rapprocher du Mexique pour ne pas rater le début de la saison de voile, fin octobre.

Dans tout ce charri-vari, je me dois de souligner le stoïcisme d'Helen qui après une saute de colère contre elle-même, elle s'en voulait de sa gaucherie, a tout simplement pris la chose comme une courbe dans la route. Un détour inattendu dans notre petite aventure.



C'était il y a dix ou douze jours. Les jours se suivent et se ressemblent. On doit remonter en bagnole sur Santa Barbara pour que son chirurgien puisse évaluer sa guérison d'ici quelques jours. Ça nous fera changement. Helen en est déjà à ne plus prendre les médicaments qu'on lui avait prescrits pour la douleur. Bien que ça reste un peu acrobatique, elle se déplace à bord. L'habitacle sur Shamata a ceci de pratique, qu'il présente plein de points d'appui, lui permettant, en sautillant, d'aller et venir.