À l'ancre en face de Cabo San Lucas, centre
touristique amphétaminé jusqu'aux ouies, après une descente de la côte de la
péninsule de Baja qui nous aura pris une semaine. Deux arrêts: Bahia de
Tortugas et Bahia Santa Maria. Quelques nuits passées au large de la côte sur
des vents arrières modérés et parfois complètement éteints.
Le rythme de la vie à bord est maintenant
bien établi. Les petits projets de maintenance sur le bateau (imposés ou
intentionnels, dépendant) se succèdent sans grande urgence, sauf quand le
désalinisateur refuse de fonctionner pour cause de surchauffe. La température
ambiante est autour de 30C et le cabinet ou se trouve le désalinisateur n'est
pas bien ventilé, j'y remédie aujourd'hui avec une excursion chez Home Depot.
J'ai déjà ajouté un petit ventilateur qui aide je pense mais ça ne suffit pas
tout à fait.
Au delà de cette gestion bien quotidienne
de la vie à bord, la dérive intellectuelle continue. Une espèce d'errance où je
me trouve confronté à un sentiment d'incapacité à créer. Une sorte d'obligation
mal placée où je sens devoir «produire» quelque chose: textes, images,
scénarios, videos. Mais ça n'aboutit jamais plus loin que ce sentiment
d'obligation. Comme paralysé par le vide devant cette poussée, pas de projet
clair.
Je me demande enfin si cette idée que je me
fais de moi-même en tant qu'«auteur» n'est pas tout simplement une
perception, une intention complètement fabriquée... sans aucune assise en mon
for intérieur.
Anyway... Je gratte, je gratte sans arriver
à autre chose qu'une frustration montante devant ce vide. En ce sens, le
bateau, pour autant qu'il dicte le rythme de mes journées, agit
aussi comme distraction, comme porte de sortie où je peux investir mes énergies
sans avoir à combler cet autre vide.