lundi 13 novembre 2017

À l'ancre, à vide

À l'ancre en face de Cabo San Lucas, centre touristique amphétaminé jusqu'aux ouies, après une descente de la côte de la péninsule de Baja qui nous aura pris une semaine. Deux arrêts: Bahia de Tortugas et Bahia Santa Maria. Quelques nuits passées au large de la côte sur des vents arrières modérés et parfois complètement éteints.


Le rythme de la vie à bord est maintenant bien établi. Les petits projets de maintenance sur le bateau (imposés ou intentionnels, dépendant) se succèdent sans grande urgence, sauf quand le désalinisateur refuse de fonctionner pour cause de surchauffe. La température ambiante est autour de 30C et le cabinet ou se trouve le désalinisateur n'est pas bien ventilé, j'y remédie aujourd'hui avec une excursion chez Home Depot. J'ai déjà ajouté un petit ventilateur qui aide je pense mais ça ne suffit pas tout à fait.

Au delà de cette gestion bien quotidienne de la vie à bord, la dérive intellectuelle continue. Une espèce d'errance où je me trouve confronté à un sentiment d'incapacité à créer. Une sorte d'obligation mal placée où je sens devoir «produire» quelque chose: textes, images, scénarios, videos. Mais ça n'aboutit jamais plus loin que ce sentiment d'obligation. Comme paralysé par le vide devant cette poussée, pas de projet clair.

Je me demande enfin si cette idée que je me fais de moi-même en tant qu'«auteur» n'est pas tout simplement une perception, une intention complètement fabriquée... sans aucune assise en mon for intérieur.


Anyway... Je gratte, je gratte sans arriver à autre chose qu'une frustration montante devant ce vide. En ce sens, le bateau, pour autant qu'il dicte le rythme de mes journées, agit aussi comme distraction, comme porte de sortie où je peux investir mes énergies sans avoir à combler cet autre vide.