samedi 23 décembre 2017

Noël sous les Tropiques

Lever de soleil sur notre mouillage - Vieux Port de Mazatlan

Cette année je vivrai mon deuxième Noël sous les Tropiques. La dernière remonte à 1975 alors que je voyageais en Australie. J'avais passé un Noël un peu tristounet, sous la pluie, dans une auberge de jeunesse à Cairns sur la côte est de la province du Queensland.

C'était alors mon premier Noël loin de la famille, de la neige. Je venais d'avoir dix-huit ans. Je me souviens m'être senti bien loin de tout, un peu perdu, coupé de ce qui avait défini ma jeune vie jusqu'alors.

J'étais entouré de voyageurs aguerris et pour la plupart sympatiques. Un anglais me revient à l'esprit, Dennis. Il me laissait prendre sa Honda 350 pour des tours en ville de temps à autre. Un chic type. Deux australiennes: Lynn et Carol, qui prenaient un malin plaisir à se foutre de ma gueule, sans vraie méchanceté probablement, mais ma petite nature en souffrait néanmoins.

42 ans ans ont passé. Comme un éclair. Aujourd'hui, encore sur la côte Pacifique mais à l'est cette fois, c'est Mazatlan qui m'accueuille pour ce deuxième. Quand j'y pense la scène est complètement différente, même si certains penseront que comme nous vivons à bord de notre voilier depuis 5 ans Helen et moi, il y a toujours un petit côté «gypsie» qui reste manifeste. L'auberge de jeunesse s'est transmutée en voilier, en somme!


Sur le mur d'un hôtel faisant face à la plage de Mazatlan
rappelant le passage ici du fameux Jack.


Les rencontres restent toujours ce qui définissent ces voyages par contre. Les paysages séduisent, envoûtent. Mais ce sont les complicités qui marquent de leurs magies les espaces visités. Comme cette famille française, bretonne, que nous cotoyons ici dans le vieux port de Mazatlan. Patrick, Florence et leur fille de quatorze ans ont quitté la France il y a 3-4 ans. Leur itinéraire les a mené de la Méditérrannée, jusqu'au Brésil, par les Caraïbes, Panama et maintenant le Mexique. Une ou deux avaries les ont fait s'attarder ici plus longuement que prévu. Une voie d'eau en autre! Mais ils espérent pouvoir faire route vers les Philippines ce printemps en passant par Hawaii.

Nous avons passé un bel après-midi hier en leur compagnie. Florence nous a gâté avec de petits gâteaux-maison et comme je venais de faire une fournée de pain, on les a reçus un peu plus tard pour des tartines chaudes, tout juste sorties du four, avec «muy mantequilla».

Noël au Mexique a aussi ceci de bien qu'il semblerait que pour la plupart les mexicains ne sont pas tombés (encore du moins) dans l'orgie mercantile qui caractérise Noël dans le reste de l'Amérique du Nord. On voit ici et là des décorations et des affiches, mais rien qui approche l'hystérie de Noël au pays.

Enfin, même à 40 ans de distance, Noël par 25C, avec des palmiers comme sapins, avec des «pinatas» Père Noël en vente dans les «mercados publicos», et l'absence notée de Bing Crosby en trame sonore dans les «tiendas», ça reste un peu surréel.


«Feliz Navidad a todos».

vendredi 8 décembre 2017

La peur de l'eau

             J'ai passé une bonne partie de ma vie adulte (après 40 ans) à vouloir apprendre à nager. J'ai toujours eu cette peur paralysante. Je n'ai aucune idée de quel ancien traumatisme elle est le résultat, mais elle a toujours été là.

            Il y a 20 ans, mes premiers passages à bord du voilier de mon beau-père étaient logés sous le signe d'un noeud au ventre qui ne me quittait que lorsqu'on remettait pied à terre. Je dois bien avoir passé des centaines d'heures en leçons de natation à faire des bulles, flotter sur le dos, le ventre, à essayer de coordonner mes mouvements pour arriver à prendre une bouffée d'air lorsqu'un patient instructeur m'enseignait le «crawl», rien à faire.

            Ma pshysiologie est telle que dès que j'arrête de progresser dans l'eau... sous l'impulsion d'une poussée contre le mur d'une piscine, et que, maladroitement, je tente de «nager», que voilà que je ralentis et bientôt je coule.

            L'hiver dernier, j'ai rencontré probablement celui de mes instructeurs qui m'a le plus aidé et fait progressé. Diogo, de Buenos Aires. Avec lui, j'ai acquis une meilleure technique et je sens que je suis tout près du jour où je pourrai me propulser sans problème dans les eaux opalines qui nous entourent ces jours-ci. Nous sommes sur l'île Espiritu Santo à quelques milles au nord de La Paz dans la mer de Cortez. Un paradis pour la plongée et le snorkeling.

            La longue plage qui fait face à Bahia Candelabra où nous sommes au mouillage, est bordée par un banc de sable qui s'étend sur presque 300 mètres et dont la profondeur n'excède jamais plus de 2-3 mètres. Idéal pour me permettre de gagner en confiance, alors que je nage pour la première fois, hors piscine.

            Il y a aussi derrière cet effort, un objectif bien pragmatique. Mantenant que nious sommes dans les tropiques, la vie marine qui vient s'attacher à notre coque et autres appendices submergés en permanence (comme notre pilote auto) est beaucoup plus active et tenace que celle des eaux plus froides de Vancouver. Ce qui implique qu'on doit de temps à autre plonger sur la coque pour la nettoyer avec une brosse douce et ainsi d'une part empècher les petits organismes marins de grandir et d'autre part, de garder un profil de coque propre et donc plus efficace lorsqu'en mouvement.


            Mais bon, première étape, arriver à un zone de confort minimal dans l'eau.