samedi 28 avril 2018

Rattrape retard

Beaucoup à raconter depuis mon dernier «post». Beaucoup de milles marins surtout, puisque j'écris maintenant depuis l'ïle de Tahuata en Polynésie française où nous sommes depuis 11 jours, en date du 24 avril 2018. Désolé pas de photos, internet beaucoup trop lent pour essayer de télécharger des photos.
            
Remontons en arrière quelque peu. Après le premier de l'an, nous avons passé quelques jours sur Isla Isabel, voir mon entrée précédente, et nous sommes lentement descendus le long de la côte Pacifique du Mexique avec comme objectif La Manzanilla où nous devions rejoindre une amie pour quelques jours avant le retour sur Puerto Vallarta/La Cruz dans la baie de Banderas et les préparatifs de départ pour notre grand saut vers la Polynésie, à la mi-mars.
            
Pas beaucoup de voile hélas, les vents dominants du nord ouest se laissant désirer. Et nous avions aussi l'Intention d'un court arrêt à Paradise Village à Nuevo Vallarta pour nous permettre à tous deux de faire une visite rapide pour Helen chez sa mère et son père et pour moi un aller-retour à Vancouver.
            
Nous avons donc laissé Shamata pour quelques temps, histoire d'essayer d'obtenir un visa longue durée pour la PF, ce que nous n'avons pas réussi à faire, par manque de planification et aussi par complète ignorance de la complexité du processus. M'enfin. Au retour de ma visite éclair à Vancouver, j'ai du chopper un sale microbe puisque je me suis retrouvé avec une grippe carabinée que j'ai trainée pendant deux bonnes semaines, avec au moins deux jours d'incapacité complète hormis une violente toux qui me sablait les poumons à toutes heures du jour et de la nuit.
            
Après Paradise Village, comme la facture de notre passage à une marina allait s'avérer salée, étant donné que nous avions du rester plus longuement que prévu «because» ma sale grippe, nous nous sommes déplacés sur La Cruz. La Cruz est un mouillage très populaire auprès des plaisanciers dans la Baie de Banderas. Quoiqu'un peu inconfortable à cause du roulis de la houle du Pacifique, La Cruz est une agréable petite communauté tout à fait en symbiose avec la communauté de marins qui y trainent d'années en années.
            
Mon triste état de santé m'a aussi obligé à ne pas nous rendre à La Manzanilla. Mais Helen ne voulant pas rater une occasion de visiter sa grande copine Suzan a quand même fait le voyage en autobus et a pu renouer quelques jours avec la vie à terre avant de rentrer sur La Cruz à temps pour une autre visite.
            
Toujours assomé par ma sale grippe, nos amis David et Nancy sont venus passer une semaine à bord. Recevoir des amis de la maison à bord a été tout à fait magique. Les conversations à propos de toutes ces choses que l'on tient en partage avec ceux qui nous sont proches; la simple proximité, physique, de ses amis; les repas et les rires partagés prennent une toute autre valeur quand on les retrouve après quelques mois de voyage. Pour ma part, je réalise plus que je ne l'imaginais à quel point ces amis récents, nous ne nous connaissons que depuis notre arrivée à la coop de Spruce Harbour, occupent une place spéciale dans nos vies.

            
Après ce visites avec nos amis, la première d'une de nos équippières, Shannon, est venue nous rejoindre et nous avons pu entamer les préparatifs en vue du saut pour les Marquises. En début mars, Shamata s'est retrouvé en cale sèche pour un grand ponçage en profondeur, jusqu'à la coque, avant de recevoir une solide couche d'antifouling (made in Mexico - pas dispo au Canada - trop toxique). Pendant notre passage en cale sèche, nous ne pouvions habiter sur le voilier (réglement mexicain apparemment) et nous nous sommes retrouvés dans un petit appart, bien basique, à quelques pas du chantier, trouvé sur AirBnB. Au début l'idée de ne pouvoir être à bord nous a un peu ennuyé mais bientôt, le fait d'être loin du bruit et de la poussière du chantier nous est apparu providentiel. Qui plus est, l'appart se trouvait à deux pas d'un charmant petit hôtel, avec un restau pas mal du tout et, luxure sans nom, une solide liaison internet.
            
Belle surprise pendant ces quelques jours, deux autres bons amis à nous de Vancouver, Kate et Brad, ont comme par hasard découvert que nous étions toujours au Mexique, à quelques pas du petit hôtel où ils étaient venus s'offrir un peu de soleil. Ces deux grands amis nous ont fait tout un cadeau en nous surprenant de la sorte avec une visite toute impromptue.
            
Après une semaine de travaux, Shamata a retrouvé son élément et nous avons décidé de passer les quelques jours à attendre notre seconde équippière, Rhonda, à la marina de La Cruz. Les derniers approvisionnents en bouffe et autres petits travaux sur le voilier sont simplifiés de beaucoup lorsqu'on a pas à les faire à partir d'un mouillage, qu'on s'est dit, évitant de trop considérer la dépense, et lorgnant surtout du côté des douches et autres services à porter de main dont nous pouvions bénéficier avec la marina. On se disait aussi que le passage vers le Pacifique sud allait être au moins de 21-22 jours et que nous n'aurions pas accès à ces «délicatesses» pendant notre temps en mer. Lorsqu'il s'agit de confort de base, on trouve toujours moyen de justifier toute dépense non?
            
Finalement, le 18 mars en matinée, nous sommes passés à la capitainerie de Nuevo Vallarta, afin de compléter les procédures de sortie en règle de notre voilier et de son équipage du Mexique. Ou presque.
            
En fait après avoir terminé les formalités avec la douane mexicaine, nous sommes revenus à La Cruz faire le plein de diesel et récupérer Rhonda, la quatrième part de l'équipage dont le vol avait atteri quelques heures plus tôt, mais trop tard pour coincider avec la visite programmée à la douane.

            
Le 18 mars 2018 donc, vers 14h00 heure locale, notre étrave prenait cap direction sud-ouest, pour un petit point de terre au milieu du Pacifique, à quelques 2,700 milles nautiques, l'Île mythique d'Hiva Oa, une des îles Marquises, dernière patrie d'un certain monsieur Gauguin et du grand Jacques Brel.