lundi 27 juin 2011

De St-Jean en Tatshenshini

Bon, ça a roulé sérieux depuis mon dernier texte. D'abord le retour sur Whitehorse, le matin de la St-Jean. Y'avait une belle fête de prévue à Dawson, mais je voulais absolument rencontrer Pascal St-Laurent de Soir de semaine, sympathique groupe de gais lurons yukonnais qui zigonnent un reggae de fêtards sur le pergélisol depuis quelques années. Deux CDs plus tard, j'ai rencontré le reste la gang ce coup-ci. Alain et Marie-Maude et leur petit Vincent, né au printemps dernier.

Fa que retour à Whitehorse pour une courte jasette avec Pascal et ses partenaires. Le 25 juin, on s'est retrouvé un peu au sud de Whitehorse, au Lac Marsh (marais = moustiques, qui étaient de la fête aussi) pour la St-Jean de Whitehorse. Le groupe Monogrenade faisait aussi partie du spectacle de soirée mais c'est à la gang de Soir de semaine que revenait la job de faire lever la place en fin de soirée, vers 1h00... Restait encore de la lumière du jour (sic)... mais l'installation de scène manquait de lumière qui aurait permis quelques belles images... Comme je devais me rendre chez Robert Daffe à 3 heures de route le lendemain, j'ai mis les bouts et manquer la fin de la fête. Mais je ne doute pas un instant que Soir de Semaine a livré la marchandise.

J'ai roulé dans le crépuscule boréal (on dirait des paroles de Desjardins) jusqu'à Haines Junction, à 200km. Plusieurs sections de route en travaux ont fait que j'y suis arrivé à 3h00. Je me suis arrêté dormir. Il me restait environ 100km à faire au matin pour arriver au camp Blanchard sur la rivière du même nom. Là j'ai retrouvé Robert, sa fille Danielle et ses deux petits gars, Isaac et Mickey. Signe de la petitesse et du tissé serré de la communauté franco, Danielle est commissaire à la Commission Scolaire francophone du Yukon. 20 minutes plus tard j'avais l’air d'un bébé phoque, vêtu de néoprène des pieds à la tête dans l'eau glacée jusqu'au genou à attendre Robert qui aidait sa fille et quelques autres guides à lancer deux autres radeaux de clients pour une journée de descente de rivière.

Pendant l'attente, je me suis dit aussi ben meublé, les deux petits-fils de Robert étaient avec moi. Je leur demande de me donner le briefing de sécurité obligatoire pour les néophytes comme moi. À préciser, Isaac à 7 ans, Mickey en a 9 je pense. Ils m'ont fait ça comme des pros, avec l'accent spécifique du français de l'ouest, bien entendu. Je leur ai traduit quelques mots en français, qu'ils ont tout de suite intégrés à leur répertoire. Ah! la flexibilité synaptique du cerveau de l'enfant. À la fin de l'exercice Mickey me demande: "T'as des questions? " Pissant.

Ensuite on est parti. On était que quatre dans notre radeau, avec Robert. C'était vraiment parfait pour avoir un peu de temps avec lui, à jaser et surtout le voir au boulot. Je me souhaite une telle vitalité et forme physique quand j'aurai mes soixante ans. Impressionnant.

Un truc drôle. Entre ses directives pour moi et les fistons de ramer par l'avant ou par l'arrière, et entre les vagues glaciales qui ont vite remplies les espaces libres de mon "wetsuit", Robert, heureux comme un pinson, sifflait quelque mélodie qu'il est seul à connaître. Mais le plus drôle, c'est qu'il chantait de temps à autre une rengaine longtemps enfouie dans ma mémoire d'enfant: " Capitaine Bonhomme... part en voyage... Capitaine Bonhomme... vers d'autres rivages...." CON-FON-DU-du-du !!  Je vous explique.

Robert est arrivé au Québec à 15 ans. Originaire de Belgique, il vivait en France quand ses parents ont décidé d'immigrer à Montréal au milieu des années 60. Il est resté là jusqu'à l'âge de 18 ans. Juste assez longtemps pour attraper les pitreries de Michel Noël, Olivier Guimond et l'Onc' Pierre sur l'émission pour enfants du "canal 10" - Les Aventures du Capitaine Bonhomme. Sur CFTM, la seule station de télé française privée de Montréal, du Québec à l'époque. Comme quoi notre terreau francophone n'est pas toujours celui qu'on pense.

Je suis rentré hier soir à Whitehorse. Pas mal buzzé... Je n'avais malheureusement pas de caméra étanche avec moi qui m'aurait permis quelques photos sur la rivière Blanchard (autre connexion avec le canal 10 pour les connaisseurs). Mais une des guides de Robert, Jessie, m'a remis un cd de photos. Je chargerai ça plus tard.

Ai-je mentionné le paysage époustouflant de la chaîne de montagnes qui nous encerclaient pendant la descente? L'ours brun au retour par autobus scolaire déglingué? Non ? Dommage, vous devriez venir voir. Si vous venez faire un tour, demandez le spécial Issac et Mickey...

Aucun commentaire: