samedi 23 juin 2012

Musée Béringie


Hier, petit tournage avec Karine Grenier, la musheuse copine de Normand Casavant dont je parlais hier. Pour gagner des sous et payer la bouffe de chiens, Karine travaille comme guide interprète bilingue au Centre d'interprétation de la Béringie, cet immense territoire qui va du Yukon en passant par l'Alaska et le détroit de Bering, jusque sur les côtes septentrionales de l'actuelle Russie.

Il s'agit d'un écosystème qui existait il y a plus de 20,000 ans à la fin de la dernière époque glaciaire (ne me citez pas sur la question, faut parler à Karine pour la vérité vraie sur la chose). Le fait surprenant c'est qu'avec la fiévreuse activité minière du Yukon, les mineurs découvrent très souvent des restes, ossements d'animaux, enfouis dans le pergélisol et qui habitaient ce territoire à l'époque. La moisson est suffisamment riche pour que le centre vienne au jour et s'occupe de disséminer aux visiteurs une vision fascinante de la vie telle qu'elle était ici, il y a bien longtemps.

Nous voulions montrer Karine au travail, en français. Avec l'aide de l'AFY et de Virgine Hamel, travailleuse culturelle, on a été en mesure d'accueillir une vingtaine de visiteurs venus de France pour un congrès ici à Whitehorse (oui je sais: arrangée avec le gars des vues la visite - faut ce qui faut)

Karine, la meneuse de chiens de trait c'est alors transformée en paléontologue, archéologue, animatrice et que sais-je encore... Bien sûr, les visiteurs sont tout de suite tombés sous le charme de sa voix enjouée et son sourire perpétuellement en coin. Une belle visite.

À la toute fin de la visite, la vingtaine de Français, avec l'aide de Karine, et un peu sous notre direction, se sont prêtés pour la caméra à une petite scène qui devrait faire sourire quand nous l'utiliserons dans le doc. Je n'en dis pas plus.

Va sans dire que ces visiteurs nous garantissent déjà un petit auditoire en France quand le doc s'y rendra un jour...

vendredi 22 juin 2012

Deuxième descente en entrevue apnée

Grosse journée hier... encore de belles rencontres et de beaux moments d'émotions. C'était la deuxième et dernière journée de nos entrevues à la queue-leu-leu. Un peu moins de monde cette fois mais une coche au-dessus en énergie et confidences.

Pascal St-Laurent bien sur de Soir de Semaine avec qui je devais faire une entrevue de fond comme il est un des personnages principaux du doc. Toujours aussi fou et débordant de vie.

Claude Gosselin, prêtre, pour parler un peu de ce sentiment à peine voilé qui se dégage de chaque personne rencontrée à date sur ce projet: le yukon est un lieu de profonde spiritualité. Je ne m'y attendais pas. Mais il est clair que ceux qui choississent de faire leurs vies ici, en français, ont en plus comme motivation, une quête qui va au-delà de l'émerveillement perpétuel devant la nature en majuscule où se déroule le fil de leurs quotidiens.

Normand Casavant aussi, venu nous rejoindre après une longue journée de travail en forêt et quelques heures de route. Je m'attendais à le retrouver un peu claqué, normal après tout. C'était mal connaître Normand qui à la première question à propos de la course à chiens s'allume comme un feu d'artifices à la St-Jean.

Enfin, deux belles surprises, deux courtes entrevues avec les complices de Pascal sur Soir de Semaine, Alain et Marie-Maude. En jasant à bâtons rompus, on comprend vite pourquoi avec Pascal, ces trois-là sont tissés serré. Une belle connivence qui n'a aucune difficulté à se transposer sur scène et en musique.

Un beau petit hasard, à la fin de la journée de tournage en rangeant notre matériel, je suis tombé sur un foulard et une couverture qui appartenait à Marie-Maude. Elle s'en servait pour trimballer son petit garçon, Vincent. Ça m'a donné le prétexte de passer les voir à la maison, elle et Alain, pour les lui rendre. Autre moment.

jeudi 21 juin 2012

jasettes, solstice et invasion moustiquée

De retour au Yukon... dernier droit du tournage de mon doc «Yukon parle français». Deux beaux trucs hier. Une longue journée à conduire des entrevues avec un paquet de monde. On a installé notre petit «barda» de studio portatif au centre communautaire franco à Whitehorse et les gens viennnent à la queue-leu-leu se faire interviewer. Un peu monotone pour l'équipe qui ne bouge pas trop mais ça évite de refaire l'installation entrevue pour chaque entrevue.

J'avais oublié comment conduire 10 entrevues dans une journée peut-être taxant. J'étais pas mal zap à la fin de ma journée... et ce n'était pas la fin.

Après une courte sieste en soirée, je suis allée rejoindre Claude Gosselin, prêtre franco local, qui tenait une célébration du solstice dans un beau coin de nature juste aux limites de la ville. Donc une célébration d'origine toute paienne, le solstice... célébrée sauce chrétienne, théologie de la libération. Une belle sélection de textes et de réflexions. Un beau moment où un petit groupe d'hommes et de femmes se recueillent autour d'un banc fait de grandes pièces de bois, érigé à la mémoire d'une amie de Claude, décédée il y a quelques années. Un moment de réflexion dans cette nature qui semble n'attendre que notre silence.

À peine un fléchissement de la lumière... juste un peu plus sombre que ces cieux qui se glissent entre le jour et la nuit. Une transition qui n'en finit pas, qui ne se consume jamais complètement. C'est l'arrivée de l'été boréal. La lumière qui jaillit de la mort comme le disait Claude.

Il y avait aussi au rendez-vous 4 millions de moustiques qui se sont abattus sur nous dans la brunante du Yukon, vers 23h45... Pendant que je tenais d'une main ma caméra, l'autre se contortionnait à éliminer les 12 bestioles posées sur mon pouce... les moustiques, c'est aussi ça le Yukon...